Récit de méditation 2
L’animal m’emmène plus loin dans le désert. Ma peau est toujours recouverte de cette poussière argentée.
À travers les vagues de dunes, des silhouettes étranges s’élèvent au-dessus de l’océan de sable. Ce sont de très anciennes tours, dont les blocs de pierre sont ravagés par le temps et le vent. Leur architecture me fait penser à des phares occidentaux, mêlées à des ornementations aztèques. À leur cime, un immense disque de métal réverbère les derniers rayons du soleil couchant.
Intriguée, je dévale la pente pour m’approcher d’une des multiples structures ancestrales.
« C’est ici que nos chemins se séparent, m’annonce le chef du troupeau. Tu sais ce que tu as à faire. »
J’acquiesce d’un signe de tête et pénètre dans l’édifice.
L’intérieur est fidèle à l’aspect extérieur. Le sable s’est infiltré partout, tombant en cascade des étages et formant de petits monticules. Le sol est jonché de décombres et autres morceaux de mur. Le rez-de-chaussée comporte un grand escalier central qui se perd dans les hauteurs, encadré par plusieurs arches, dont l’intérieur est plongé dans l’obscurité. Seuls des yeux jaunes percent l’ombre. Ils me fixent, mais sans démontrer une quelconque agressivité. Je décide alors de gravir les marches.
Enfin parvenue au sommet, je suis accueillie par un panorama à couper le souffle. La mer de dunes s’étend à perte de vue. Derrière le disque de plusieurs mètres de diamètre, le soleil embrase une dernière fois les crêtes. Le vent caresse doucement mon visage.
Au sol, une mailloche semble être là depuis toujours. Légèrement ensablée, je saisis le manche et frappe le gigantesque gong. La résonance emplit mon corps qui vibre à son tour.
Subitement, la lumière disparait. J’observe le ciel, désormais indigo. Quelques étoiles ornent la grande toile céleste. Je constate alors qu’elles ne sont pas fixes. Elles commencent même à tomber !
Les astres chutent, aussi lentement et paisiblement que la neige. Sans un bruit, ces petites sphères lumineuses descendent, puis finissent par s’éteindre au contact avec une surface solide. Il fait désormais nuit et les étoiles s’agglomèrent pour former de longs rubans scintillants.
Je greffe ces soieries sur un éventail et commence à danser.
Des esprits stellaires apparaissent autour de moi et m’enjoignent à continuer, imposant le rythme sur leurs propres instruments.
L’astre du jour s’éveille de nouveau et illumine une nouvelle fois la paroi dorée du gong qui brille plus que jamais. L’orchestre de la nuit s’évapore, pour laisser place à d’autres musiciens couverts de paillettes d’or.
L’aigle céleste se matérialise à son tour. Il étend ses ailes et m’enveloppe. Ses plumes émettent une lumière aussi puissante que le soleil et je sens que la poudre grise sur mon corps réagit aux rayons. L’argent devient or puis les paillettes disparaissent sous ma peau. La voix du Dieu est puissante et ses vibrations m’envahissent.
« La véritable richesse est à l’intérieur ».
Il abaisse lentement sa tête et je pose mon front contre son bec qui fait pratiquement ma taille. Puis nous rompons le contact et il s’envole afin de reprendre la course du soleil.
Je reste au sommet de la tour quelques instants avant de me réveiller.